Две гитары |
Dvie gitary |
Les deux guitares | |||||
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Поговори хоть ты со мной, Подруга семиструнная! Душа полна одной тобой, А ночь такая лунная. Вот там звезда одна горит Так ярко и мучительно. Лучами сердце шевелит, Дразня его язвительно. Чего от сердца нужно ей, Ведь знает без того она, Что к ней тоскою долгих лет Вся жизнь моя прикована. И от зари, и до зари Тоскую, мучусь, сетую. Так пой же мне, договори Ту песню недопетую. |
Pogovori khot' ty ca mnoï, Podruga siemistrunaïa! Dusha polna odnoï taboï, A notch' takaïa lunaïa. Vot tam zviezda odna gorit Tak iarka i mutchitelna. Lutchami siertse shevelit, Draznia ievo iazvitelna. Tchievo ot siertsa nujno ieï, Ved' znaiet biez tovo ona, Tchto kneï toskoiu dolgikh liet Vsia jizn' maïa prikovana. I ot zari, i do zari, Toskuïu, mutchus', sietuïu. Tak poï je mnie, dogovori Tu piesniu niedopietuïu. |
Parle-moi quand même, Mon amie à sept cordes* ! Mon âme est pleine de toi, En cette nuit de pleine lune. Une étoile brûle Si vivement et douloureusement. Sa lumière touche mon cœur, Et le titille ironiquement. Qu’a-t-elle besoin d’un cœur ? Après tout, elle sait déjà Que ses longues années d’angoisse Toute ma vie a été prisonnière. Et d’une aube à l’autre, Tourmentée, mélancholique. Alors joue pour moi, chante La même chanson sans fin. | |||||
[Irena Morozova, s’adressant en français à Annie Girardot] « Madame, toutes nos félicitations, « Madame, nous souhaitons longue vie et grand bonheur. « Madame, pour vous, pour vous cette chanson… » | |||||||
Две гитары зазвенев, Жалобно заныли… С детства памятный напев, Старый друг мой, ты ли… Неужель я виноват Тем, что из-за взгляда Твоего я был бы рад Вынесть муки ада? Отчего да почему На глазах слезинки? Это просто ничего, По любви поминки. Эх, раз, ещё раз, Ещё много-много раз! |
Dvie gitary zazvieniev, Jalobna zanyli… Sdietstva pamiatnyï napiev, Staryï drug moï, ty li… Nie ujel' ia vinovat Tiem, tchto iz za vegliada Tvoïevo ia byl by rad Vyniest' muki ada? Otchievo da potchiemu Na glazakh sliezinki? Eto prosto nitchievo, Po liubvi paminki. Ekh raz, ieshtchio raz, Ieshtchio mnogo mnogo raz! |
Deux guitares qui résonnent M’ont douloureusement peiné… Depuis l’enfance, mélodie mémorable, Ma vieille amie, si toi… Suis-je à blâmer Si, quand je te vois, Je serais heureux De supporter les tourments de l’enfer ? Pourquoi, oui, pourquoi Des larmes dans les yeux ? Ce n’est simplement rien, Que d’aimer des souvenirs. Encore, encore une fois, Encore plein de fois ! |
* La guitare russe traditionnelle a sept cordes.
Paroles : Apollon Grigoriev, musique : Ivan Vasiliev
Version française par Charles Aznavour : | ||||||
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Deux Tziganes, sans répit, Grattent leur guitare, Ranimant du fond des nuits Toute ma mémoire, Sans savoir que roule en moi Un flot de détresse, Font renaître sous leurs doigts Ma folle jeunesse. Ekh raz, ieshcho raz, Ieshcho mnogo, mnogo raz! [Encore, encore une fois,] [Encore plein de fois !] |
Jouez, Tziganes, jouez pour moi, Avec plus de flamme, Afin de couvrir la voix Qui dit à mon âme : « Où as-tu mal ? « Pourquoi as-tu mal ? « T’as mal à la tête! « Bois un peu moins aujourd’hui, « Tu boiras plus demain, « Et encore plus après-demain. » Je veux rire, je veux chanter, Et saoûler ma peine, Pour oublier le passé Qu’avec moi je traîne. Apportez-moi du vin fort, Car le vin délivre. Versez, versez m’en encore, Pour que je m’ennivre. |
Deux guitares en ma pensée Jettent un trouble immense M’expliquant la vanité De notre existence. Que vivons-nous ? Pourquoi vivons-nous ? Quelle est la raison d’être ? Tu es vivant aujourd’hui, Tu seras mort demain, Et encore plus après demain. Quand je serai ivre-mort, Faible et lamentable, Et que vous verrez mon corps Rouler sous la table, Alors vous pourrez cesser Vos chants qui résonnent, Mais en attendant, jouez, Jouez je l’ordonne ! |